Réveil matin, réveil chagrin en Guadeloupe ?
En Guadeloupe, île merveilleuse, l’école commence à 7h. Du matin. Donc, les pauvres professeurs et les pauvres écoliers doivent se réveiller à 5h30, voire plus tôt dans certains cas. (n’y pensons même pas …)
- 5h45 le réveil sonne. Je ne l’entends pas.
En revanche, je sens distinctement Loïc me pousser.
Sur Transat, radio pop rock de l’île : « Bonjour les amis, il est 5h45, bon réveil si vous nous rejoignez ! »
Ta gueule.
Je me traîne, agrippe les fringues empilées. Le cerveau ne fonctionne pas, il est dans un brouillard épais. Les paupières luttent pour s’ouvrir. Loïc m’apporte un café. (Loïc est un alien).
Cet après-midi il va faire aux alentours de 32°. Bonne journée sur transat !
Foutu pays de dingues, rien à foutre qu’il fasse chaud l’après-midi, y a qu’à mettre la clim et se lever à des horaires décents, merde !
5h55 : Loïc vient me chercher, sinon je m’endors dans la salle de bain.
6h00 : un fantastique petit déj préparé par ses soins m’attend. Je serai éperdue de reconnaissance pour les vitamines et le second café quelques heures plus tard. Pour le moment, je m’affale. Les paupières sont mi-ouvertes.
Loïc mange allègrement. Loïc tient une conversation.
Loïc est un alien.
6h10 : je me suis encore tachée. Normal : le temps que la cuillère arrive à ma bouche, l’ordre d’ouvrir ma bouche n’est pas encore arrivé. Il arrivera à une heure décente.
6h15 : Loïc m’avertit que je suis à la bourre. Ok. Où sont mes chaussures ?
6h18 : je reviens, j’ai oublié de prendre une bouteille d’eau, nécessaire à ma survie dans une salle de classe-sauna.
6h20 : Au volant. 1ère étape : réussir le démarrage en côte. A cette heure matinale, c’est rarement le cas. Je peux hurler dans la voiture, personne ne m’entend. 2ème étape: éviter de se fracasser dans les nids-de-poule.
Un chien fureteur/ une poule stupide et sa couvée/ un jeune veau qui vient de se détacher et gambade avec bonheur/ un cabri suicidaire/ (rayer la mention inutile) déboule devant mes roues.
Restons calme.
6h35 : je suis coincée dans les embouteillages. Un peu comme sur le périph, sauf que les guadeloupéens sont jamais pressés : même lorsque ça avance un peu, le temps que le type de devant appuie sur le champignon, le vide s’est rempli avec d’autres voitures venues s’incruster.
Mais c’est pas vrai, ça !! Deux de tension, l’insulaire ! Mais tu vas l’avancer ta caisse, oui ?
Transat, l’émotion et la douceur d’un premier baiser.
Ta gueule. Quel slogan crétin, en plus !
6h45 : l’avantage des embouteillages, c’est qu’on a le temps de regarder autour de soi.
Le soleil est déjà haut dans le ciel, des maisons multicolores sortent des centaines d’écoliers, petites fourmis à t-shirt blanc qui attendent le bus, patiemment sur le bas-côté. Les doudous balaient devant la porte, font de grands sourires au milieu des bougainvillées flamboyants, tout le monde est réveillé. Les bœufs mâchent l’herbe d’un air concentré, parfois au milieu de la route, des cabris sautillent sur le bas-côté. Sur les petits stands du marché, les vendeurs reconnaissent la blonde furibarde qui pianote, exaspérée, sur son volant : « Salut, tu vas bien ? » « Sois pas pressée comme ça ! », « ah, c’est long hein ! »
Petits mots gentils, sourires timides.
Oui, oui, bon…
M’enfin, c’est chiant quand - même….
Puis vient le temps du bulletin météo…
Météo : Aujourd’hui, sur la Caraïbe, le temps est beau, la mer est belle. La température de l’eau est à 28 degrés, la température de l’air est à 33 degrés. La mer est calme, c’est un temps idéal pour se baigner : du côté des cyclones, rien à signaler, c’est le beau temps partout ! Sur tout l’arc antillais, les alizés sont faibles. Profitez !
C’est noté. Plage après les cours.
6h49 : ca sonne dans 6 minutes. J’arrive sur la voie rapide, double toutes les voitures devant l’œil placide des conducteurs, me gare en 3 secondes 22’. Johnny (allummmeeez le feuuuuu) m’encourage sur Transat, l’eau est à 28 degrés, ça roule !! En rang !!